Ce vieil homme barbu au regard si troublant
A su garder en lui une telle noblesse
Qu’on ne peut deviner qu’il passe sa vieillesse
Dans les rues de la ville étant donc un mendiant.
Le destin acharné l’a placé hors du temps,
Hors des contemporains qui devant lui progressent
Sans entendre un seul mot, redoutant leur faiblesse
A soutenir sa vue qui les déprime tant.
Quand l’angoisse les prend, ils lui jettent des pièces,
Apaisant leur conscience avec ce simple geste,
Parfois même flattant leur ego si modeste ;
Et lui tout gentiment d’un beau sourire acquiesce.
Mais sa naïveté n’est bien qu’une façade,
Il joue la comédie à ce public maussade.
Il a depuis longtemps compris comment fonctionnent
Ces étranges badauds qui donc le subventionnent
Pour que cette utopie d’une société saine
Il ne vienne troubler en jouant sur la scène.